LES PLANTES DE L'EXTASE

"Dieu dit encore : 'Voici, je vous donne toutes les plantes et tous les arbres fruitiers qui poussent sur la terre : ce sera votre nourriture.'"
Ancien Testament.

Apparemment la Bible est mieux interprétée par les rastafaris que par le Pape, car eux ont compris que les psychédéliques pouvaient nous mettre en contact avec le "dieu" - ou la "conscience" - qui sommeille en nous (car en fait, il n'y en a pas d'autre ailleurs !). Ainsi, nous avons la chance de vivre sur une planète merveilleusement conçue. Cela, nos ancêtres l'ont découvert il y a 10 000 ans. (On peut largement imaginer que l'utilisation des psychédéliques naturels est bien antérieure, mais ce ne sont pas les dates qui nous préoccupent le plus ici). Sur toute la surface de la terre, on trouve des plantes psychédéliques, des plantes des dieux. Leur nombre est conséquent, leurs effets encore plus, et il faudrait un ouvrage entier pour en parler plus précisément. Le livre du Dr Hofmann, "Les Plantes des Dieux", contient déjà de nombreuses informations utiles sur le sujet.

Les premiers psychédéliques utilisés par l'homme sont les champignons. Les Amanites Tue-Mouches, par exemple, mettent en transe les chamanes sibériens et lapons, et les sorcières s'en servaient au Moyen-Age, vraisemblablement dans le cadre de rituels païens hérités de tribus "barbares", comme celles des Germains et des Saxons. Les petits champignons de prés, ou Psilocybes, étaient consommés en Europe lors de rituels païens, ainsi que par les chamanes Amérindiens dans des rituels thérapeutiques. Quand à l'Ergot de Seigle, son utilisation demeure principalement européenne. Ces champignons provoquent tous des hallucinations et un état d'esprit particulier, libéré des points de repères habituels, (les schémas sociaux), permettant ainsi de se débrancher momentanément, de perdre la notion d'ego, ce moi dictateur qui n'engendre qu'égoïsme et intolérance. Dans un contexte de bien-être total, il est plus facile de se fondre dans le mouvement organique de l'univers. Mais attention, seuls les Psilocybes sont dénués de risque, et ce à faibles doses. 30 à 50 champignons européens vous feront largement franchir le seuil psychédélique (ce que Castaneda nomme la réalité non-ordinaire), au-delà le trip sera sans aucun doute beaucoup plus puissant, mais surtout beaucoup plus dangereux. Car on ne doit pas perdre de vue que les psychédéliques sont des clés, des outils sacramentaux qui doivent être respectés, et non des jouets ou de simples objets de plaisir dont on pourrait abuser inconsidérément. Le LSD, les psilocybes, le Peyotl, l'ecstasy et tous les autres psychédéliques peuvent en effet mener à la folie, et même à la mort, si l'on dépasse les "doses intelligentes" ou si l'on en consomme trop régulièrement. Les psychédéliques agissent comme des mirroirs, ils vous feront connaître ce que vous voulez y voir, ils vous dévoileront ce qui est enfoui dans votre inconscient depuis votre naissance. Car ils servent à évoluer, seulement si vous voulez vraiment évoluer, et non profiter d'eux. Cette notion de respect et de partage est une des règles fondamentales des peuples du monde entier qui consomment rituellement les psychédéliques.

Et ce sont principalement les Indiens d'Amérique du Nord et du Sud qui utilisèrent les psychédéliques naturels dans un cadre rituel. C'est le fameux Peyotl, (comme beaucoup d'autres variétés de cactus), qui est largement utilisé au Mexique. Castaneda décrit d'ailleurs très bien sa rencontre avec Mescalito, l'esprit à peau verte du Peyotl dans l'Herbe du Diable et la Petite Fumée, une thèse anthropologique sur les états modifiés de conscience. Dans cet ouvrage, Castaneda rencontre un chamane Yaqui, qui le confronte à une vision radicalement différente de l'existence, grâce à l'utilisation de plantes pouvoirs comme les psilocybes, le peyotl et le datura. Le datura fait partie de la famille des solanacées qui comprend entre autre, la jusquiame et la belladonne, de puissants hallucinogènes (parfois mortels), qui composaient l'onguent des sorcières européennes. Celui-ci leur permettait donc d'aller au sabbat, ces assemblées nocturnes auxquelles elles se rendaient en volant sur leur balais ; rien de plus "normal" avec un cocktail d'hallucinogènes extrêmement puissants (et dangereux) dans le corps. S'il existe encore des rituels psychédéliques en Amérique, ce n'est plus le cas en Europe, grâce à l'Eglise, qui considère l'utilisation des plantes (thérapeutiques et stupéfiantes) comme satanique depuis le début du Moyen-Age.

Dans de telles conditions, ne nous étonnons pas si l'histoire et l'utilisation des hallucinogènes en Europe demeurent volontairement occultées. Néanmoins, des sciences comme l'ethnomicologie et l'ethnobotanique (c'est-à-dire l'étude de l'utilisation rituelle des champignons et des plantes par des humains), nous permettent de découvrir que des tribus, des civilisations, telles que les Mayas, les Aztèques, les Mazatèques, les Toltèques, les Jivaros et bien d'autres encore, utilisaient ces substances pour bénéficier d'un savoir thérapeutique, divinatoire ou initiatique. Le caractère dangereux de certaines plantes doit impérativement être pris en compte. Chaque tribu a recours à des substances intoxicantes liées à son histoire et à sa religion. Les Tharahumaras, les Huichols, les Yaquis, amérindiens pacifiques, peuples du Soleil, consomment rituellement du peyotl et des psilocybes. En revanche, les Français, les Allemands, les Serbes, les Américains..., Chrétiens, violents, n'utilisent jamais de psychédéliques mais consomment quotidiennement, socialement et à outrance de l'alcool, et prônent une religion, un comportement, une vision, une pensée oppressives qu'ils tentent d'imposer au monde entier depuis des centaines d'années. Pour tous les peuples qui ont recours aux rituels psychédéliques, une telle pratique cultuelle et culturelle est nécessaire à leur équilibre, en ce sens qu'elle leur permet de demeurer en contact étroit avec la nature, et la terre (selon l'hypothèse Gaïa de Lovelock) dont ils sont les fruits.

"L'usage rituel des plantes psychédéliques par des hommes vivant harmonieusement au sein de leur écosystème n'entraîne aucun des effets désastreux que l'on s'accorde à associer à l'usage de telles substances." Peter T. Furst

Par exemple, certains hallucinogènes comme le Colleus ou l'Ipomée (dont on peut se procurer des graines dans n'importe quel magasin de plantes), servaient à la divination, rituel essentiel chez les Mayas, dont l'existence était basée sur des cycles, avec des jours fastes et néfastes, et des calendriers prévisionnels étendus sur des milliers d'années. Pour ces tribus les psychédéliques sont surtout le moyen de communiquer avec leurs dieux. Ce qu'ils nomment dieux ou esprits est la représentation iconographique ou symbolique d'un élément ou d'une qualité quelconque (comme le feu ou le courage). L'Ayahuasca, qui est une liane de la jungle d'Amérique du Sud, aide les indigènes à se connecter à leur totem ou guide animal, elle permet surtout de voir dans la nuit. On constate donc que l'Amérique du Sud recèle de nombreuses plantes psychédéliques aux effets variés. Cependant, sur ce continent, il n'y a pas que le règne végétal qui puisse provoquer des hallucinations. En effet, certains crapauds contiennent un puissant hallucinogène, la Bufoténine (semblable au DMT), également consommé rituellement par certaines ethnies Amérindiennes. Comme la nature est étrange !

Mais l'homme l'est encore plus. Et depuis le début du siècle, des apprentis-sorciers ne cessent de transformer la matière, même la plus infime comme les molécules. Drogues synthétique, l'Ecstasy par exemple, est née au début du siècle, en 1912, dans un laboratoire allemand. Les premiers à en bénéficier furent bien sûr les soldats, durant la Première Guerre Mondiale. Mais finalement les résultats ne semblèrent guère satisfaisants. L'X, en fait un dérivé d'amphétamine, sert aussi de stimulant et de coupe-faim, qui pourrait s'avérer idéal pour surmonter la fatigue et les privations diverses. Néanmoins, c'est un désinhibant qui ne convient guère aux soldats devant tuer sans remords ou aux personnes désirant maigrir sans efforts. Bref, l'X disparut jusqu'en 1985, date à laquelle il refit son apparition dans les clubs, devenant ainsi la Pilule d'Amour. Mais c'est aussi le précurseur des Designer Drugs. Des substances qui n'existent pas officiellement et demeurent "légales" tant qu'elles n'ont pas été répertoriées par la police. Ainsi, l'X, connu comme le MDMA, peut se transformer en DMMA, AMMD, MMAD, MAMD, DAMM... lorsque l'on modifie sa structure. Mais en agissant de la sorte, on modifie ses effets, ce qui donne tout et n'importe quoi. Ainsi, le Pr. Alexander Shulgin travailla longtemps sur le MDMA, et inventa d'ailleurs plus de 200 sortes de psychédéliques de synthèses, qu'il essaya tous sur lui-même. Et il put alors s'apercevoir que certains d'entre eux s'avéraient vraiment dangereux. Désormais, les labos clandestins fabriquent d'énormes quantités de pseudo MDMA, des pilules qui ne vous mèneront pas forcément au bonheur. Attention, donc à ne pas gober n'importe quelle saloperie. Heureusement, aux problèmes, correspondent toujours des solutions.

Il existe depuis quelques années, des testeurs d'X, mais uniquement en Angleterre et en Hollande. En France, la politique des drogues reste la même : pas de prévention, encore moins d'information, et beaucoup de répression. Pourtant, des drogues dangereuses circulent : la Ketamine, un anesthésique utilisé par les vétérinaires provoque des décorporations et de véritables hallucinations, avec lesquelles vous pouvez même converser. Surtout on, peut facilement confondre de la Ketamine avec une pilule d'X. Revenu des seventies, le DMT qui provoque un trip intense de 5 à 15 minutes, similaire à la Bufoténine réapparaît, comme le LSD. Cependant les buvards de LSD que l'on trouve actuellement ne dépasse généralement pas 100 microg (sauf les doubles faces : Simpsons, Spirale...), alors que dans les 70s, ils oscillaient entre 150 et 300 microg. Comme par hasard, le prix d'un trip se situe désormais entre 50 et 150 frs (pour 10 à 20 frs à l'achat en gros). Ceux qui les vendent bénéficient souvent d'un équipement multi-drogues incluant le shit, l'X et la Cocaïne, parfois l'héro. Et nous retrouvons ces hommes d'affaires en train de faire leur petit business aux Teknivals, aux Eurockéennes, et autres Raves. Pour votre santé et votre sécurité, évitez donc ces racailles et leurs produits.

Il semble que le pouvoir de l'argent soit toujours bien ancré dans notre civilisation. Celle-ci ne pourra d'ailleurs pas changer tant qu'elle sera stimulée par des facteurs violents comme le pouvoir, le fric, l'alcool, le football et les cultes monothéistes. Peut-être que si nous prenions exemple sur les tribus Amérindiennes qui vénèrent et respectent la nature, réelle, et non un Dieu autoritaire, et surtout purement abstrait, nous pourrions parvenir à un niveau de compréhension beaucoup plus vaste et serein. Une chose étrange devrait également attirer notre attention : les Aztèques, qui consommaient rituellement des psychédéliques, interdisaient la consommation d'alcool et surtout son abus. Seuls les plus anciens, et les plus sages avaient le droit de s'enivrer avec de l'alcool. Il est clair que l'alcool n'a pas les vertus thérapeutiques de nombreux psychédéliques, ni leur pouvoir d'élever l'esprit, bien au contraire. Pourtant il est légal, et constitue surtout un énorme enjeu économique.

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